Qui rattrapera un jour les Libertines ?
Cette question, posée dans un commentaire de l’article précédent, n’est pas une question qui appelle une réponse. C’est une interrogation commune à beaucoup de fans orphelins. (Ayant découvert les Libertines après leur mort – c’est une constante, chez moi, d’arriver après le passage du cyclone – est-ce que je peux me sentir orpheline ?)
Pourtant, cette question presque naïve, totalement subjective, sous-tend une réalité étonnante : l’Angleterre est réellement en deuil. A chaque fois, c’est pareil : un nouveau groupe anglais un peu prometteur et la presse musicale est persuadée d’avoir trouvé les nouveaux Libertines ! Comme si elle avait besoin de ça pour supporter son chagrin…
Mais personne ne pourra remplacer les Libertines. Je ne suis pas en train de dire qu’ils constituaient le meilleur groupe au monde. C’est juste qu’ils sont entrés dans l’histoire du rock britannique.
Le retour du rock. Ça, c’est une histoire que je ne comprends pas. Je n’y connais pas grand chose en histoire du rock, ou en rock tout court d’ailleurs : il y a de sérieuses lacunes dans mes classiques, dans ma chronologie rock. Mais a priori, en 2001, débarquent les Strokes, que tout le monde acclame comme sauveurs du rock. L’alternative anglaise : les Libertines. Alors il était où, le rock, dans les années 90 ? C’est l’histoire de la mort du rock avec le suicide de Kurt Cobain ? C’est quoi, toutes ces conneries ? Bref.
L’Angleterre (et le monde) a adoré les Libertines ! Mais n’est-ce pas surtout parce qu’ils sont arrivés au bon endroit au bon moment ? Parce qu’ils accumulaient les frasques des rock stars ? Parce qu’il y avait la relation haine/amour entre Doherty et Barât ? Oui, pour la musique, je sais, ça n’est pas moi qui vais vous dire le contraire. Mais est-ce que ce sont tous ces facteurs additionnés qui ont fait des Libertines ce qu’ils sont aujourd’hui, alors même qu’ils n’existent plus ? Ou peut-être justement parce qu’ils ne sont plus.
Tout ça pour dire : il n’y aura pas d’autres Libertines. D’autres groupes seront (sont) peut-être plus talentueux, plus intéressants, ou moins, mais il faudra sans doute qu’on passe au-dessus du manque Libertines, qu’on arrête les comparaisons, qu’on apprécie pour ce qu’ils sont tous les autres groupes anglais. Arctic Monkeys. Voilà un nouveau phénomène anglais. Un phénomène d’ailleurs tellement médiatisé qu’on peut se demander si l’Angleterre ne s’est pas accroché à eux avec l’énergie du désespoir pour combler le vide.
Je ne détiens pas les clés du phénomène Libertines. Je m’interroge, c’est tout.